James Bond, Strasbourg et l'Alsace ... On vous dit tout ! Spectre, la 24e aventure de James Bond est l’occasion de rappeler qu’originellement l’agent doit sa légende à 12 romans et 9 nouvelles écrites par Ian Fleming avant qu’un certain nombre de continuateurs ne donnent vie à des suites. Plus étonnant, il est possible aujourd’hui d’évoquer l’Alsace lorsque l’on évoque 007.
Rien de plus naturel si l’on accepte le fait, que, bien que britannique, James Bond est le plus européen des agents secrets.
Ian Fleming, un Européen
Tout commence par l’éducation de son auteur. Ian Fleming fera ses études à Eton, ira étudier l’allemand en Autriche, avant de s’inscrire dans les universités de Munich et de Genève. L’homme aime l’Europe et l’on retiendra que de nombreuses scènes imaginées par lui se déroulent au cœur de celle-ci, entre Suisse, Allemagne, Autriche, Italie. Alors que la plupart des auteurs des romans d’espionnage font de Vienne la plaque tournante de l’espionnage, Ian Fleming évoque déjà Strasbourg…
Est-ce en souvenir de son ami d’Eton, Yvar Brice ? Ce dernier étudiera à Strasbourg avant de jouer un rôle dans les services d’espionnage et de propagande anglais. Il influencera et accompagnera fortement Fleming qui lui dédicacera même « Les Diamants sont éternels » et créera pour lui le personnage de Félix Leiter, l’ami de Bond.
Est-ce plutôt en raison d’une de ses missions d’agents secrets au cœur de la Seconde Guerre mondiale ? Membre des missions « Alsos » en charge de la lutte contre la recherche allemande, Ian Fleming, lui-même agent de la Naval Intelligence Division, aura à prendre part et préparer plusieurs actions des commandos britanniques à Strasbourg, en Novembre 1944. L’objectif est alors de freiner les recherches sur l’arme nucléaire et les armes biologiques. Il est aussi de localiser des ressources scientifiques pour les empêcher de nuire ou les neutraliser.
"Syndicat des Ouvriers d’Alsace"
Ian Fleming fait ainsi de Strasbourg un lieu important pour ses premiers personnages. « Le Chiffre », très présent notamment dans Casino Royale, est le trésorier du "Syndicat des Ouvriers d’Alsace", contrôlé et manipulé par l’organisation SMERSH.
Habite-t-il la capitale alsacienne ? Tout laisse à le penser...
Acronyme de « Smiert chpionam ! », « Mort aux espions ! », cette branche du KGB deviendra l’ennemi intime de Bond avant d’être remplacée, justement, par l’appellation Spectre, qui eut le mérite d’éviter plus de batailles diplomatiques avec l’ex-URSS. On est alors en pleine guerre froide, faut-il le rappeler.
James Bond est-il aussi européen que son auteur ? Ian Fleming, l’imagine fils d’Andrew Bond, un Écossais et de Monique Delacroix, une Suissesse, double culture donc. James Bond passera une grande partie de ses jeunes années à l’étranger, ce qui lui permet de maîtriser parfaitement l’allemand et le français. Ses parents disparaissent… à Chamonix.
Si l’on continue de piocher dans les notes de Ian Fleming, on découvre que James Bond est en Alsace dès 1946 où il gère et surveille des opérations de contrebande entre Strasbourg et l’Allemagne, entre Est et Ouest. Sorti de la Marine, il travaille à l’époque pour le « Secret Service » où il fait ses premières armes, « une routine », bien avant la licence « 00 » et son permis de tuer.
Dans la version écrite d’« Au service secret de Sa Majesté », le 27 décembre 1961, l’agent loge ainsi à l’Hôtel Maison Rouge et le lendemain, les hommes de Marc-Ange Draco, chef de l’Union corse, l’emmènent vers un château situé, lui « non loin de Strasbourg », mais plus vraisemblablement en Suisse.
Du foie gras… de Strasbourg
D’autres missions passent encore par Strasbourg. L’Alsace est aussi mentionnée dans les versions cinématographiques de James Bond, ainsi dans « Jamais plus jamais ». Là, Sean Connery ne séduit-il pas son invitée avec, en plus de son charme, une terrine de foie gras… « de Strasbourg », allusion à la ville dans laquelle fut inventé ce délice dans les années 1870. (La scène originelle est allusivement mentionnée dans Casino Royale où « En trempant la lame de son couteau dans le verre d’eau chaude posé près de la terrine en porcelaine de Strasbourg, Bond se promit de doubler le pourboire du maître d’hôtel »).
Les continuateurs de Ian Fleming mentionneront Strasbourg à leur tour. Ainsi John Gardner, l’auteur notamment de 16 romans autour de 007 parmi lesquels Goldeneye et Licence to Kill, permet à James Bond de refaire une étape strasbourgeoise dans « Nobody lives forever ». Il dort alors à l’Hôtel Sofitel de Strasbourg, place Saint-Pierre le Jeune, avant de croiser des personnages inquiétants dans la capitale européenne.
Les amateurs de détails et d’anecdotes apprécieront de découvrir les liens de la région avec l’agent secret le plus connu au monde. On ne serait complet sans évoquer la présence de l'ensemble de l'équipe du film "Moonraker" à Strasbourg. C'est Michel Drucker qui propose alors ce « Rendez-vous du dimanche » très très bond !
James Bond, Strasbourg et l'Alsace
Les fans imagineront qui sait une nouvelle aventure avec un rendez-vous secret au château du Haut-Koenigsbourg, un dîner amoureux dans la Petite Venise ou une course poursuite sur la Route des Vins d’Alsace… Il reste à influencer les producteurs.
Spectre, le dernier opus, sort en salle le 11 Novembre, la date d’anniversaire de James Bond si l’on en croit John Pearson, l’auteur d’une biographie fictive consacrée à celui qui a passé sa vie, au service secret de Sa Majesté.
Bon anniversaire, Commander Bond !
Stéphane Bourhis
Stéphane Bourhis enseigne à l’Université de Strasbourg où il est chargé de cours, soucieux de transmettre à ses étudiants, comme aux clients de Red-Act les moyens d’être autonomes, impactants et efficaces. . Membre et Délégué régional de l’APCIG (Association Professionnelle des Chroniqueurs et Informateurs de la Gastronomie et du vin), il a à cœur d’accompagner les professionnels du tourisme, de la gastronomie, de l’hôtellerie et de la Restauration dans leur communication et le community management du quotidien.
Fondée en août 2004, l’agence Red-Act a fait le choix de se spécialiser dans la communication print et « digitale », dans la conception-rédaction et la production de contenus. Elle a développé des stratégies liées à l’image de marque, l’animation des réseaux sociaux.
Il est naturellement fan de James Bond
Sources :
— les œuvres complètes de Ian Fleming et de ses continuateurs
— Ian Fleming’s James Bond : Annotations and Chronologies for Ian Fleming’s Bond Stories par John Griswold
— Ian Fleming’s Commandos : The Story of the Legendary 30 Assault Unit
— James Bond : The Authorized Biography of 007 – John Pearson