On l’annonce depuis longtemps : l’Election Présidentielle 2.0. Il faut reconnaître que les choses avancent. Certains candidats se mettent à utiliser les outils, à se faire accompagner d’agences pointues, de technologies reconnues. On se posera sans doute la question du coût et du financement de celles-ci, mais on laissera cela à la Commission Nationale des Comptes de Campagnes et des Formations Politiques. En attendant, Red-Act, balaye quelques sites et campagnes.
Election Présidentielle, de Mélenchon à François Fillon
On commencera par Jean-Luc Mélenchon ! Son site est efficace. Il utilise une des solutions de propagande et communication politique les plus adaptées : Nation Builder.
Coqueluche de nombreux candidats dont un temps Obama, Nation Builder affiche la promesse technologique : Software for leaders.
JLM use et abuse des vidéos et retransmissions en direct. En cela, il est l’un des plus connectés.
On revient sur un détail : Le site du camarade et de son génial hologramme est hébergé par NationBuilder, 520 S. Grand Ave., 2nd Floor, Los Angeles, CA 90071 .
Et le Made in France ?
Marine Le Pen et son mouvement ont souvent été à la pointe de la technologie pour contourner les médias « et le système ». Les réseaux et la méthode Trump pourrait inspirer la candidate et ses conseils. On lira à ce propos un excellent article du Guardian, sur le hasard organisé du candidat US.
Pionnier du Net, Marine Le Pen a donc choisi le multi-canal, l’ensemble des réseaux et s’assure un « sharing » digne des méthodes pyramidales.
Le site Marine 2017 est hébergé en France et développé par le biais de start-up militante. Il met l’accent sur l’adhésion, le partage et la captation de data !
Emmanuel Macron, deus-ex Machina 2017, n’est pas en reste. Il est aujourd’hui le candidat le plus marketing de l’élection. On trouve autour de lui plusieurs agences et structures de communication notamment numériques.
Trois alsaciens formés à Harward
Tout, dans la campagne du candidat met pour le moment la barre haute en matière numérique et marketing. On notera la grande proximité des méthodes avec des ONG et candidats américains.
On saluera techniquement chez lui l’importation de méthodes décryptées par une start-up électorale baptisée Liegey Muller Pons, une start-up portées par trois étudiants alsaciens formés à Harvard. Leur outil "50 +1é" est justement l’un des concurrents français à Nation Builder qui a lui-quand même séduit certains "Marcheurs" ! [A Red-Act, on a voulu testé 50+1, il y a longtemps mais on recommencera].
Côté sites, outre Vision Macron, c’est En Marche qui donne le « la ». Un site qui ne porte pas le nom du candidat, laissant imaginer la force d’une démarche collective. En Marche est un site hébergé par Google Cloud Platform, 8 rue de Londres, 75009 Paris.
On évoquera néanmoins les meetings qui semblent tellement préparés (trop), qu’ils ressemblent plus à un rassemblement théâtralisé qu’à un mouvement spontané.
Benoit Hamon fait dans le pratique, son site ressemble beaucoup à un mixe entre Nation Builder et d’autres solutions. Il permet à chacun de partager et de commander des outils militants « papier ». On ne sait pas qui est derrière l’outil signé Elpis.
Elpis, outre le nom du micro-parti du candidat, est le nom d'une divinité grecque représentant l'espoir, représentée sous les traits d'une femme portant une corne d'abondance dans ses mains.
François Fillon, lui, prolonge une expérience numérique sur une base permise par le logiciel Nation Builder. Un site qui incite à participer, à donner, à s’identifier est donc mis à la disposition des militants et soutiens, ouvrant la voie à des votes et des propositions.
On mesurera l'impact des "outils" jusqu'au soir du 1er tour.
Et la campagne sur le terrain ?
On aura compris que l’ensemble des candidats auront choisi les meilleurs des meilleurs. Reste que résumer la démocratie à du numérique et la politique à du marketing conduit à une impasse politique.
On notera aussi que les budgets américains sont sans fonds, contrairement aux élections présidentielles françaises et encore plus en ce qui concernent les élections législatives à venir.
Si on se réjouira de l’intégration du numérique dans les campagnes, on notera que la communication passera aussi par le terrain, par les militants. L’extension du domaine de la lutte n’évite pas les fondamentaux.
Au-delà des hologrammes, les militants humains ne sont pas encore clonés et les outils d’une proximité réelle viendront alors pondérer les rêves de proximité virtuelle. Les buzz feront sans doute la fièvre médiatique, mais il n’est pas dit qu’ils fassent l’élection.
Tout deus ex-machina doit aussi apprendre, qu’à l’ère du numérique, il est encore plus qu’avant un colosse aux pieds d’argiles. A la manière du « zapping », la confiance d’un jour est la défiance du lendemain. Les derniers présidents de la République en savent quelque chose.
Le numérique est un outil du politique plus que l’essence du politique. Certains auraient tendance à l’oublier. Ici aussi, tout sera question de contenus dans cette élection présidentielle !
Quant aux acteurs, que l'on nous permette d'inciter les partis à valoriser les start-up, solutions d'hébergement et prestataires Français et Européens, lorsque cela est possible. Mais, c'est sans doute un voeu ... pieux !
Stéphane Bourhis
À propos :
Stéphane Bourhis enseigne à l’Université de Strasbourg où il est chargé de cours, soucieux de transmettre à ses étudiants, comme aux clients de Red-Act les moyens d’être autonomes, impactants et efficaces.
Membre et Délégué régional de l’APCIG (Association Professionnelle des Chroniqueurs et Informateurs de la Gastronomie et du vin), il a à cœur d’accompagner les professionnels du tourisme, de la gastronomie, de l’hôtellerie et de la Restauration dans leur communication du quotidien y compris comme Community Manager externe.
Fondée en août 2004, l’agence Red-Act a fait le choix de se spécialiser dans la communication « digitale », dans la conception-rédaction et la production de contenus à valeur ajoutée. Elle a développé des stratégies liées à l’image de marque, l’animation des réseaux sociaux et à l'accompagnement de personnalités politiques comme de chefs d'entreprises.